… Alors là. Il faut qu’on m’explique. Comment, de mon fauteuil à la bibliothèque (HRP : J'ai décidé qu'il y avait une biblio' =w=), j’ai réussi à atterrir… Ici ? J’ai réfléchis quelques secondes… Ou minutes, qui sait… Le plus important, c’est que je réfléchissais. D'un coup, j’ai relevé la tête et j’ai tapé mon point dans ma main (HRP : A la Leo style 8D). L’infirmière m’avait parlé d’une histoire de monde parallèle ou un truc du style à mon arrivé. Juste avant, elle m’a d’ailleurs injecté un truc bizarre. Tsss. Ça m’apprendra à pas écouter les gens quand ils parlent tien.

Enfin. Tant qu’à être ici, autant aller faire un tour. En regardant tout autour de moi, j’ai commencé en avancer dans les ruelles. Les bâtiments ressemblent beaucoup aux maisons du Japon féodal que l’on peut voir dans les livres. Je me suis arrêtée devant quelques boutiques.

Alors que je me demandais comment j’allais pouvoir retourner dans ma propre réalité, un chat à rien trouver de mieux à faire que de se frotter contre mes jambes. Sur le coup de la surprise, j’ai sursauté et le chat est partit se cacher derrière un arbre. M’approchant doucement, je me suis accroupie avant de tendre la main vers l’animal. Il l’a reniflé quelques instants avant de se frotter la tête dessus. J’ai souris avant de le gratter derrière les oreilles. Sans vraiment que je sache pourquoi, il s’est mis à cracher et s’est sauver.

C’est là que j’ai sentis un regard sur moi. Génial. Même ici, il y a des gens pas net. Un frisson m’a parcouru, me rappellant se qu’il c’était passé la dernière fois. J’ai secoué la tête pour chasser les vieux souvenirs qui refaisaient surface. Sans me retourner complètement, j’ai repris mon chemin. Malgré ça, cette désagréable impression d’être suivie me collait à la peau. Calme Alyss. Calme. Mon cœur battait à une vitesse phénoménale dans ma poitrine. La peur était trop forte. Je me suis mise à courir comme une folle sans regarder où j’allais. Sur mon passage, les personnes présentes me lançaient des regards qui signifiaient clairement qu’ils me prenaient pour une tarée.

J’ai fini par m’arrêter, essoufflée. J’ai jeté un œil en arrière. La population était dense. Impossible de savoir si quelqu’un me suivait vraiment ou si c’était juste mon imagination qui avait pris le dessus sur ma raison. Lançais un regard autour de moi, je n’ai remarqué personne de suspect. Et que j’étais perdue aussi… J'ai jamais eu un sens de l'orientation très développée en même temps, ça m'étonne pas. Ola, je vous vois venir vous. Il est hors de question que je demande le chemin à quelqu’un. La première et dernière fois où j’ai adressé la parole à un inconnu, mon frère y est passé. Mon cœur avait repris un rythme à peu près normal. Bien. C’est déjà ça. J’ai cherché autour de moi s’il n’y avait pas une carte ou quelque chose du genre pour me repérer un peu, mais non. Rien. Apparemment, le système est aussi vieux que cette ville. Bon aller Alyss. T’as pas le choix, va falloir demander à quelqu’un.

Je me suis dirigé vers la première personne que j'ai vu. Et je me demande si c’était le bon choix en fait. Quand je me suis approché d’elle, j’ai ressentis un sentiment de malaise. Voir d’angoisse. La même angoisse que plus tôt. Mon ventre c’est tordu. Et si c’était elle ? Elle aurait très bien pus avoir dans l’idée de me faire quelques chose, même si je ne la connais pas. Je me suis forcée à respirer, puis je l’ai détaillé plus en détails. J’ai cheveux d’un noir d’encre et d’une longueur impressionnante, elle est plus petite que moi de quelques centimètres seulement. J’aurais pu continuer à la reluquer comme ça encore longtemps. Mais mes yeux se sont fixés dans les siens, rouge. J’ai essayé de me reprendre, moi aussi j’ai des yeux d’une couleur étrange, ça ne devrait pas me poser de problème. Pourtant, ses yeux à elle semblaient totalement éteints, pleins d’une tristesse qui paraissait infinie.

J’ai fermé les yeux quelques secondes avant de les rouvrir. Elle n’avait pas dit un mot depuis que j’étais arrivé et que je m'étais planté devant elle, sans aucune raison apparente. Normalement, j’aurais du lui demander le chemin et m’en aller. Pourtant, c’est une toute autre question qui n’est venue à l’esprit.

« Qui es-tu ? »

Je me suis moi-même étonnée de ma propre stupidité. Franchement, Alyss, tu ne pouvais pas juste lui demander le chemin puis tracer ta route ? Un petit silence s’en suivit. Un silence pesant, voir oppressant. Je n’aime décidément pas du tout cet endroit.

Je frissonnai lorsque l'infirmière retira la seringue. Une sensation si désagréable... Quelque chose était en moi, quelque chose dont j'ignorais la teneur, mais... cette chose pouvait me ramener mon frère. Tiens bon, Kanashii. Tu n'as juste qu'à retrouver cette étoile. Et ce produit affreux qu'on vient de t'injecter dans les veines peut t'y aider.
Je serrai les dents et murmura un « Merci, au revoir » à peine audible. Je n'en pouvais plus. Depuis des jours, j'étais assaillie de cauchemars. Oh mon frère, qu'ai-je fait ? Attends-moi. Je vais effacer mes erreurs. Je vais te retrouver, je te le jure. Quoi qu'il m'en coûte. Vaincue par la fatigue, je ne pus me relever du lit où on m'avait installée. Malgré moi, je sentis mes yeux se fermer. Non... je ne veux pas dormir... Je veux retrouver cette étoile...
Par un effort de volonté, j'ouvris les yeux. Les légers voiles blancs de l'infirmerie avaient laissé place à... autre chose. Qu'est-ce que...
Où suis-je ?!

L'inquiétude m'envahit. M'avait-on administré un somnifère pour me déplacer dans mon sommeil loin de cette académie, où se trouvait le Dreamcore, mon souhait le plus cher ? Je réfléchis quelques instants et parvins à la conclusion suivante : non. Ce n'était pas possible...
J'étais dans une ville étrange. Elle me rappelait les images de l'ancienne capitale du Japon, Edo. Oui, c'était cela ; un Japon féodal, où pagodes côtoyaient maisons traditionnelles. Mais... oui, c'est cela. C'est donc ça, Eden, la capitale du Dreamland ?
Les paroles de l'aide-soignante me revinrent en mémoire. L'étoile rédemptrice était dissimulée dans ce monde. C'était ici que je pouvais la trouver.

Je me mis en marche d'un pas attentif et alerte. Je n'étais probablement pas la seule ici, à chercher le Dreamcore. Mais, maintenant que j'y pense... je crois qu'elle a évoqué des élèves qui ne souhaitaient pas que quelqu'un trouve l'étoile. Qui sont heureux ici... comment est-ce possible ? Comment ne peut-on pas souhaiter refaire sa vie, annuler ses erreurs, comme un coup de gomme ? En tout cas, je devais faire attention aux gens que je croisais. A peine sortie de la ruelle, j'entendis des bruits et me plaquai contre le mur. Qu'est-ce que c'était... ? On aurait dit un feulement de chat. Je tendis le cou et aperçus une silhouette de dos, encapuchonnée dans un grand manteau écarlate. Comme le sang. Comme mes yeux. Comme ceux de mon frère...

Elle se redressa brusquement et je rentrai la tête dans les épaules. Il ne faut pas qu'elle me voie... je dois me faire le plus discrète possible.
Un autre détail du récit de l'infirmière remonta à mon esprit. Elle avait parlé de pouvoirs. C'était la première fois que je parvenais dans le Dreamland ; quel était donc mon pouvoir ? Et... quel était celui de cette personne encapuchonnée, qui s'était levée et marchait à présent dans la rue adjacente ? J'hésitai à la suivre. Si elle me voyait, elle pouvait très bien s'en prendre à moi, et j'étais totalement incapable de me défendre. Mais peut-être était-elle pacifique, auquel cas... m'aiderait-elle ? Pas à trouver l'étoile, mais à survivre dans ce monde, au moins au début ?

Je me mordis la lèvre. Tant pis, je la suivrais. Au pire, je devrais pouvoir l'étrangler si elle m'attaquait. Enfin... je n'en ai aucune idée. Mais qui ne tente rien n'a rien...
Je marchais donc dans son sillage, à plusieurs dizaines de mètres de distance. De désertes et étroites qu'elles étaient, les rues s'élargirent et l'affluence se fit plus importante. D'un côté, cela me permettrait d'être plus discrète, mais de l'autre, j'avais plus de risques de la perdre.
Un badaud me bouscula sans ménagement et je m'effondrai par terre, derrière une sorte de benne à ordures médiévale. Cela me sauva probablement. Juste au moment où je me relevais doucement pour ne pas attirer l'attention, j'entrevis la silhouette que je suivais se retourner. Je me tassai dans un coin, tâchant de me fondre dans les murs. Elle ne sembla pas me remarquer et prit soudain la fuite, courant à travers la foule. Je poussai un juron mental. Je devais la suivre, à tout prix !

Je la vis tourner à droite au bout de l'avenue. Je jetai un coup d'œil aux alentours. Là, une ruelle qui semblait parallèle à celle qu'avait empruntée la silhouette. Je m'y engageai et tâchai de me fondre dans la foule dense qui régnait dans le boulevard que je venais de rejoindre, tout en tentant de repérer cette personne. Et la chance me sourit encore. Une jeune fille plus âgée que moi mais pas beaucoup plus grande m'aborda. Ses cheveux bruns étaient très longs – même si de ce côté-là, j'en tenais une couche – et ses yeux violacés. Mais surtout, elle portait un long manteau vermeil.
A peine s'était-elle postée devant moi qu'elle s'immobilisa, le souffle court. Elle parut déstabilisée par... moi ? Je ne saurais le dire. Elle me fixa intensément, yeux dans les yeux, avant de fermer les paupières. Qu'avait donc mon regard... ? Je me promis de vérifier cela dès que possible.
Je ne dis rien. Je craignais de prendre l'initiative et de le regretter par la suite. Finalement, elle rouvrit les yeux et me posa une question à laquelle je ne tenais pas vraiment à répondre.

« Qui es-tu ? »
J'étais pourtant sûre que je n'y couperais pas. Mais... comment dire... J'ai peur de la mort. Une crainte farouche m'anime à cette idée de mourir. Et depuis que j'ai ouvert les yeux dans ce nouvel Edo... J'ai la tenace impression que chaque acte, chaque parole peut être fatal.
« Je... je suis Kanashii. »
Puis, parce qu'il me faut désespérément des informations sur mes potentiels ennemis :
« Et... et toi ? »
Ma voix n'était pas réellement hésitante, mon ton était plutôt monocorde et impénétrable, mais après avoir passé tant de temps à pleurer sans dire une parole, je n'étais pas à l'aise. J'avais la sensation de réapprendre à parler.
Un coup d'œil au regard de la fille m'affirma qu'elle m'avait reconnue, qu'elle savait que c'était moi qui la filais. Comment le pouvait-elle ? J'avais fait très attention et la seule fois où elle aurait pu me voir, la chance a placé un vaurien entre nous deux. Était-ce son pouvoir ? Pouvait-elle reconnaître instantanément les gens qu'elle n'avait fait qu'entrapercevoir ? En tout cas, cette fille était mon premier contact dans ce monde. J'espère... j'espère de tout cœur qu'elle peut m'être utile. Sinon, je n'aurais qu'à courir, comme lorsque... que j'ai...

Mon frère...

« Alyss. »

Alyss. Comme Alice. La jeune fille perdue dans un monde sans aucune logique... Viendrait-elle de la Dream's Academy, elle aussi ? C'est possible... après tout, cela m'étonnerait que tous ces badauds proviennent uniquement de l'école ou, à l'inverse, soient absolument tous originaires de ce monde.

« Et sinon, tu sais où on est là ? Parce que bon... Au dernière nouvelles, j'étais juste en train de lire à la bibliothèque, pas en train de me balader dans je ne sais quelle ville totalement inconnue... »

Cela me fait donc deux renseignements sur elle : son nom et le fait qu'elle soit effectivement élève à la Dream's Academy. Certes, ils sont dérisoires, mais j'ai maintenant un moyen de la retrouver assez efficacement si le besoin s'en fait sentir.
Mais à présent, une autre question se pose. Que dois-je lui répondre ? Je suis aussi perdue qu'elle, j'ai simplement fait des déductions. Je ne suis même pas sûre de ce que j'avance. Je ne connais même pas mon pouvoir. Et je n'ai aucune raison de lui fournir les informations qu'elle demande. Cela pourrait me porter préjudice et la favoriser. Mais d'un autre côté, si je ne lui réponds pas, cela montre que je ne sais rien. Elle pourrait même m'attaquer... non, faisons comme si de rien n'était.

« Nous sommes à Eden, la capitale du Dreamland, le monde où nous nous trouvons. »

Je me surpris moi-même à adopter un ton agréable. Loin de la voix atone et des yeux baissés qui sont mes sempiternels attributs. Serais-je capable de jouer la comédie à ce point ? Serais-je en mesure de me faire passer pour quelqu'un d'autre ? Si elle est nouvelle, je peux endosser le rôle d'une élève plus ancienne sans qu'elle ne s'en rende compte. Jouer un rôle... si cela peut me protéger...
Mais oui, c'est cela. Paraître autre chose que ce que je ne suis vraiment. Me renseigner sur elle autant que je le peux pour être préparée. Sur tout n'importe quoi.

« Tu étais à la bibliothèque ? Tu lisais quelque chose en particulier ? »

Je lui adressai directement la parole, plaquant un sourire sur mon visage et parlant avec amabilité. Ces questions pouvaient sembler parfaitement incongrues dans une telle situation, mais cela donnerait l'impression que je suis à l'aise ici et pourrait m'acquérir sa confiance. Les apparences sont si trompeuses...